La communication est un processus de transmission d’informations d’un émetteur vers un récepteur. Cette transmission peut être verbal ou non verbale, à travers la gestuelle, les codes « tribaux » ou les postures par exemple. Quelle soit personnelle ou professionnelle, la communication non verbale est une composante essentielle de la communication. Il est important pour tout individu et plus encore pour un professionnel d’en maîtriser les règles.
La communication non verbale c’est quoi ?
Pour communiquer, échanger et interagir avec les autres, nous utilisons d’autres véhicules, parfois bien plus puissants que le langage ou la voix. Il y a la gestuelle, les postures, le silence, les expressions du visage, les codes vestimentaires, la distance physique entre nous et les autres, sans oublier les territoires ou les zones d’interactions. En résumé, la communication non verbale regroupe l’ensemble des véhicules de transmission de l’information qui n’utilisent pas le verbal (mots ou la langue) ou le para verbal (la voix ou le phrasé).
Les véhicules de la communication non verbale
Selon Albert Meharabian (psychologue et professeur de psychologie à l’université de Californie), 55% de la communication est non verbale. Pour Bateson (anthropologue, psychologue, épistémologue américain) « tout comportement est communication ». Autrement dit, quel que soit le contexte ou la situation dans laquelle nous nous trouvons, jamais nous nous arrêtons de communiquer. Même si nous sommes fermés aux autres, privés de parole ou volontairement silencieux, nous maintenons le fil de la communication grâce aux multiples ressources du langage non verbal (expressions, postures, regard…). Ainsi, pour communiquer, l’individu utilise plusieurs véhicules très complémentaires au verbal.
Les territoires
Le territoire est un lieu où l’individu peut tranquillement s’exprimer. C’est une zone d’interaction familière et connue. Plusieurs types de territoires coexistent.
Le territoire tribal (clan, pays, entreprise…)
Les règles d’appartenance à la tribu suppose l’adoption de signes de reconnaissances communs et partagés.
Les habitant d’un pays possèdent un socle d’identificateurs communs. Parmi ces identificateurs, il y a, une langue partagée, une bannière, un héritage culinaire ou vestimentaire par exemple. Il en est de même pour tout autre organisation humaine à caractère « tribal » (entreprise, association professionnelle, communauté d’experts…). Notre degré d’intégration dans la « tribu » influence fortement notre manière de communiquer. Quelle soit verbale et plus encore non verbale, notre expression est fortement affectée par le territoire tribal.
Le territoire familial (maison, salon, salle de repos…)
La maison est le territoire familial par excellence. C’est naturellement une zone d’interaction protégée. C’est un lieu où les individus communiquent et interagissent selon des codes et des modes d’expression spécifiques au statut de ce territoire. Par extension, d’autres lieux situés en dehors de la maison peuvent être assimilés ou considérés comme un territoire familiale. Une salle de repos dans une entreprise peut se voir attribuer ce statut dès l’instant ou les utilisateurs considèrent ce lieu comme familier et protecteur.
Le territoire personnel (bureau, chambre…)
Une chambre, un bureau fermé ou pas, font partie de ces lieux appartenant au territoire personnel d’un individu. Ces lieux sont des extensions de nous mêmes. Nous nous les approprions pour en faire des lieux qui nous ressemblent, des lieux à notre image
La proxémique
En matière de communication, les distances spatiales entre les individus jouent un rôle important dans la manière dont ces derniers interagissent entre eux. Edward T. Hall (anthropologue américain) distingue plusieurs zones d’interactions.
La zone intime (+ ou – 50 cm)
Concerne une distance très réduite (celle de l’avant-bras). Le contact physique est possible. L’intrusion dans cet espace déclenche un sentiment d’insécurité et de gêne (ascenseur – métro)
La zone personnelle (60 cm à 1,20 m)
C’est la distance d’un bras tendu quand deux personnes se rencontrent dans la rue, elles s’arrêtent ordinairement à cette distance pour discuter et échanger.
La zone sociale (1,20 m à 2,40 m)
C’est la zone où se rencontrent deux zones personnelles. Elle permet une communication ou des échanges sans contact physique (ex. : guichets)
La zone publique rapprochée (jusqu’à 8 m)
Permet une information publique destinée à être entendue par un ensemble limité ou restreint de personnes.
La zone publique lointaine (+ de 8 m)
C’est la distance pour un discours dans une réunion publique, celle du comédien sur la scène de théâtre. Ici l’interlocuteur est spectateur, récepteur passif.
Quelques questions essentielles
Les notions de territoires et de proxémique influencent la manière dont processus de communication va se dérouler. C’est pourquoi, nous devons nous poser un certain nombre de questions :
- Quel territoire ou zone d’interaction mon interlocuteur va t-il choisir ou a t-il choisi ?
- Dans quel territoire suis-je le plus à l’aise ? Quelle est mon territoire d’inconfort ?
- Quelle zone exploitée (intime, personnelle, sociale…) ?
- Dans quelle zone mon interlocuteur est le plus à l’aise ? Quelle est sa zone d’inconfort ?
Postures et gestuelle
La Gestuelle
Les postures comme la gestuelle expriment ce que nous pensons ou ressentons. Ce sont des signifiants forts, capables d’améliorer ou d’altérer considérablement la transmission d’un message et son décodage par le destinataire. Plusieurs types de gestes agissent sur la communication. Les gestes parasites qui apparaissent avec l’émotion, l’anxiété, la peur ou la fatigue par exemple. Les gestes barrières qui apparaissent lorsque nous cherchons à nous protéger. Les gestes répétitifs qui apparaissent quand les tics s’invitent dans la prise de parole. Les gestes d’introversion qui apparaissent dès l’instant où dans l’esprit du communicant se convaincre soi, devient plus important que convaincre l’autre.
Au delà de cette typologie, il faut garder à l’esprit une vérité immuable en matière de communication : adopter une gestuelle positive augmente les chances de voir notre message atteindre efficacement sa cible. Pour ce faire, il est recommandé d’avoir : des gestes ouverts, dirigés vers les autres, qui invitent invitent à l’échange et à la discussion; des gestes ronds pour rassurer, qui expriment la douceur de l’orateur; des gestes précis pour préciser le message, qui viennent l’affirmer et le renforcer.
Les Postures
A côté de cette gestuelle , la communication est aussi influencée par nos postures et celles des autres. Nous sommes souvent confrontés à deux grands groupes de postures, le premier en rapport avec la verticalité et le second avec le mouvement. Dans les faits, à ces deux groupes sont associées quatre postures globales : des postures d’extension, de contraction, d’approche ou de rejet.
A la Verticalité, sont rattachées l’extension et la contraction. L’extension témoigne d’une attitude de domination et de puissance, alors que la contraction évoque surtout une attitude de soumission.
Au mouvement sont rattachées des postures d’approche et de rejet. Une posture vers l’avant évoque une attitude d’ouverture aux autres, alors q’un mouvement vers l’arrière témoigne plutôt d’une attitude de fermeture aux autres, de crainte ou de méfiance.
En résumé
Au delà des mots que nous utilisons et la voix qui les portent, la transmission et la réception d’un message relèvent d’un processus complexe ou le langage non verbal est omniprésent. Pour réussir ses prises de parole, qu’elle soit à destination d’une personne (entretien), de quelques individus (réunion) ou d’un public plus nombreux (conférence), Il faut savoir gérer les territoires, les distances spatiales entre soi et les autres, sa gestuelle et ses postures. En communication, le corps est aussi important que le verbe.
KAMEL LEFAFTA